52 souvenirs d’enfance – Tante Berthe

Celle que j’appelais tante Berthe était en fait la tante de ma mère, donc ma grand-tante. Il m’est arrivé, à l’occasion, de me faire garder par elle. Probablement que ma grand-mère avait un rendez-vous et qu’elle ne pouvait pas m’amener.

La belle vaisselle

J’aimais tellement cette tante… et sa belle vaisselle! Je me disais que lorsque je serais grande, je ferais comme elle… je recevrais la visite avec de la belle vaisselle. Selon moi, elle utilisait ce qu’elle a de plus beau à tous les jours comme si chaque jour était un jour de fête.

Elle avait de magnifiques tasses et soucoupes dont les bordures étaient dorées. Des tasses de fantaisie, comme je les appelais. Elles étaient de porcelaine avec des motifs de fleurs; toutes différentes les unes des autres, elle en avait de toutes les couleurs. Le midi, après l’heure du lunch, elle me servait toujours un thé « faible » que je sirotais en sa compagnie, comme une grande.

Et le dessert…

La plupart du temps, le dessert, chez tante Berthe, c’était du jello qu’elle nous servait dans de petites coupes de verre. Elle ajoutait toujours un peu de crème fouettée sur le dessus et accompagnait le tout de biscuits. Des sablés garnis de fruits secs. Mes préférés étaient ceux avec un morceau de cerise séchée sur le dessus. Il m’arrivait même de les tremper un peu dans mon thé.

Jouer à l’épicière

L’après-midi, tante Berthe me laissait jouer « au magasin » dans sa cuisine. Elle avait une table sur roues composée de trois tablettes sur lesquelles j’étalais les boîtes de conserve… pour mes clients imaginaires.😉 Elle n’avait aucun souci à ce que je vide ses armoires pour garnir mes tablettes. Je crois que ça l’amusait autant que moi.

La musique

Chez elle, la radio était toujours ouverte. La télévision était moins présente à l’époque. J’aimais écouter les chansons populaires de Michel Louvain. « Louise », « Un certain sourire », « Sylvie »… je connaissais déjà les paroles par coeur.

Je n’ai que de bons souvenirs à son égard! Je considérais tante Berthe comme une grand-mère!


Souvenirs d’enfance – Le nez dans les livres

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu une pile de bouquins sur ma table de chevet près de mon lit. J’avais toujours le nez dans les livres.

La Comtesse de Ségur

La collection de La Comtesse de Ségur fait partie des premiers romans que j’ai lus. Celles de mon âge se souviendront très certainement de ces petits bouquins roses à la couverture cartonnée et joliment illustrée.

Pour n’en nommer que quelques uns, Les malheurs de Sophie, Les petites filles modèles, Après la pluie, le beau temps, Un pauvre petit diable, Pauvre Blaise… et j’en passe! Chacun d’entre eux m’a permis de me retirer tranquillement dans ma chambre et ce, durant des heures.

Ces livres étaient faciles à lire. Ils étaient remplis de dialogues courts et de personnages auxquels on s’attachait rapidement. Je savourais chaque mot, chaque phrase, chaque chapitre. Je les lisais avec gourmandise mais, je prenais mon temps pour faire durer le plaisir.

Et lorsque Noël arrivait, je rêvais secrètement de déballer un nouveau roman de la Comtesse! Du bonheur en papier!

Maintenant devenue adulte, je vois bien que ces histoires nous montraient à devenir des petites filles modèles, que certaines activités n’étaient réservées qu’aux petits garçons. Mais bon, ils font partis de mon enfance!


Les bandes dessinées

Je n’ai jamais été fan de bandes dessinées, mais mes préférées étaient sans contredit Bécassine avec son petit chapeau breton, Mickey Mouse qu’on retrouvait également en dessins animés à la télévision, Tintin et Le journal de Nano et Nanette, deux jumeaux espiègles et attachants malgré tout.

Enfant, mon cousin et moi allions souvent coucher chez une vieille voisine au chalet. Madame Marianetti, une italienne qui n’avait aucun contact avec sa fille et qui s’était, bien malgré elle, attachée à nous. Nous y avions même « notre chambre » qui était munie de deux lits jumeaux, une table de nuit entre les deux sur laquelle reposaient quelques albums de Mickey Mouse. Des heures de lectures!

Cette dame nous traitait aux petits oignons! Chocolat chaud, sucrerie… chez elle, c’était toujours la fête!

Madame Marianetti était peintre. Elle peignait d’immense toile et c’est chez elle que j’ai appris à manier le fusain. Je me souviens d’avoir dessiner une nature morte, un plateau de fruits qu’elle avait au centre de la table de la salle à manger. Elle avait une patience d’ange avec nous deux.

Lire et dessiner fait encore partie de ma vie!

« Le goût de la lecture est souvent un bonheur d’enfance qui vous éclaire toute une vie. »

– Auteur inconnu

52 souvenirs d’enfance – Jouer dehors

Les anges, les bonhommes et les forts

Tout dernièrement, je suis tombée sur une photo de moi qui avait été prise à l’hiver 1957 ou 1958.  Une photo en noir et blanc.  Je devais avoir deux ou trois ans.

Je ne peux pas dire que je me souvienne vraiment de cette époque, mes souvenirs arrivent beaucoup plus tard dans ma vie. Sauf que le bonnet que je porte… je le reconnais.  Probablement parce que ma mère l’avait conservé longtemps. Je me souviens même d’avoir fait porter ce bonnet à mes poupées.  Un petit bonnet blanc en « minou » avec des petites pointes en forme d’oreilles de chat.  ll devait avoir été fabriquée avec une douce laine Angora. 

Pour me protéger contre le froid, ma mère m’enfilait une combinaison d’hiver, et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le vague souvenir qu’elle était jaune.  Mes mitaines, fixées à chacune des extrémités d’une longue corde de laine, passaient par les manches.  De cette façon, il était impossible que je perde mes mitaines.

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé jouer dehors, été comme hiver.  Sensation de liberté, moment de créativité.

Mes premières créations ont été de tracer des anges dans la neige fraîchement tombée. En me couchant sur le dos, je balayais tout simplement la neige en bougeant mes bras de haut en bas pour faire apparaître les ailes d’un ange.

Crédit photo : Pixabay

Un peu plus tard, on m’a montré qu’à partir d’une simple balle de neige, je pouvais la rouler, la rouler et la rouler encore jusqu’à ce que j’obtienne une immense boule qui formerait la première partie du corps d’un bonhomme de neige.  J’ai toujours aimé faire des bonhommes de neige, surtout lorsque la neige était « collante » **.  Je partais ensuite à la recherche de cailloux pour lui faire des boutons sur le ventre et deux d’entre eux servaient pour les yeux.  Une vieille carotte jouait le rôle du nez.  De chaque côté du corps, deux branches sans feuille était fixées pour les bras.  Pour m’assurer que mon bonhomme ne souffre pas trop du froid, je lui mettais un vieux chapeau melon noir sur la tête et je lui nouais un foulard rouge autour du cou.

J’ai toujours aimé faire des bonhommes de neige.  Il  m’arrive encore d’en faire, même à mon âge.

Par la suite, j’ai appris à construire des forts.  Il faut dire que dans les années ’60, la neige n’était pas ramassée comme de nos jours.  La charrue*** passait régulièrement suivi d’une énorme souffleuse. Les bancs de neige étaient suffisamment hauts pour qu’on puisse y faire des tunnels secrets.  Des heures de plaisirs avec les amis du coin. La guerre des tuques n’était pas encore projeté sur nos écrans, mais je dirais que nos batailles de balles de neige ressemblaient étrangement à ce qu’on peut y voir dans ce film.

Construire des forts nous procurait des heures et des heures de plaisir et ça se terminait souvent par une bonne tasse de chocolat chaud garni de mini-guimauves.

De nos jours, j’ai l’impression que les enfants jouent de moins en moins dehors.  C’est bien malheureux!


**Neige collange : On entend aussi dire « de la neige à bonhomme » ce qui veut dire que la neige est parfaite pour construire des forts, des sculptures et des bonshommes de neige. Cette neige parfaitement mouillée « colle » et facilite la fabrication d’œuvres toutes blanches. (Sélection.ca)

*** Charrue : Au Québec, une charrue peut être une souffleuse à neige ou un chasse neige qui passe l’hiver sur les routes pour dégager les voies de circulation.

52 souvenirs d’enfance – Mes cours de natation

Apprendre à nager

Tous les étés, je me retrouvais au chalet de mon oncle Lionel et de ma tante Louisette qui était situé à Saint-Colomban dans les Laurentides.

Leur chalet, qu’on appelait « camp » à l’époque, était situé aux abords du Lac Légaré.

C’est vers l’âge de six ans que j’ai appris à nager grâce à ma tante Louisette qui était celle qui avait la patience de nous montrer comment flotter. À ce moment-là, les cours de natation dans les piscines municipales n’étaient pas très populaires.

(Parenthèse) Elle avait le tour avec moi en ce qui concerne l’eau… on m’a raconté qu’elle était la seule à pouvoir me laver les cheveux lorsque j’étais toute petite.  Lorsque ma mère tentait de laver ma crinière, je criais et je hurlais tellement qu’il lui était impossible de me contrôler, sauf si ma tante Loulou le faisait à sa place.

À tous les jours, deux heures après le dîner, tante Louisette prenait le temps de nous enseigner les rudiments de la natation.  On a d’abord appris à flotter, à nager « en p’tit chien » et plus tard, elle nous a montré le crawl et le plongeon.

Je me revois encore au bout du quai de bois, installer mon pince-nez, fléchir les genoux, les deux bras vers le haut, me pencher en arrondissant le dos, prendre une grande inspiration pour finalement plonger dans l’eau du lac et refaire surface quelques secondes plus tard! « Vas-y ma Jojo, t’es capable! » me disait-elle.

Le seul désagrément à se baigner au lac, c’était la présence de sangsues.  Mon cousin avait l’art de les retirer lorsqu’une de ces bestioles nous collaient à la peau.

Mais, à part les sansgsues, le plaisir qu’on a eu n’a aucun prix!  Et du plaisir, on en a eu!!!


52 souvenirs d’enfance – Projet littéraire

Projet littéraire

1967-1968.

J’étais à l’école primaire, plus précisément en septième année.  Dans les années ’60, nous fréquentions l’école pendant sept ans avant d’accéder au secondaire.

Louise Aylwin était mon professeur de l’époque.  Pour le cours de français, elle nous avait proposé, en début d’année, un projet littéraire qui comportait plusieurs volets sur lesquels nous avions travaillé tout au long de l’année.  Voici le plan qu’elle avait dressé pour l’année:

  • Roman
    • Choisir un roman
    • Bien le lire
    • En parler devant la classe
    • Répondre aux questions du professeur
    • Écrire un court roman
  • Conte
    • Choisir un conte
    • Bien le lire
    • En parler devant la classe
    • Répondre aux questions du professeur
  • Journalisme
    • Faire connaître un journaliste
    • Présenter une série de ses articles
    • L’interviewer
    • Transmettre l’interview à la classe
    • Créer une série d’articles
  • Télévision
    • Choisir une émission
    • Dresser la liste des collaborateurs
    • Parler de l’émission devant la classe
    • Interviewer un collaborateur
    • Transmettre l’interview à la classe
    • Créer mon émission de télévision
  • Chanson
    • Transcrire une chanson
    • Faire écouter le disque à la classe
    • En parler en classe
    • Composer ma chanson
    • La montrer
  • Poésie
    • Insérer quelques poèmes
    • En apprendre un par coeur
    • Le réciter devant la classe
    • Composer mon poème

Depuis ce projet, que j’ai conservé précieusement, j’ai vraiment pris goût à la lecture et à l’écriture.  Louise a vraiment eu une grande influence sur moi. Et si je racontais chacun des volets…

à suivre…


Des mots et des images

Juin. La fin des classes.

La fin des classes

Lorsque juin se pointait le bout du nez, les journées se réchauffaient de plus en plus, le soleil se couchait à une heure tardive et l’école tirait à sa fin, pour la joie de plusieurs enfants.  Plus que quelques semaines avant le temps des vacances.  Le 23 juin était la date butoir qui marquait habituellement la fin des classes.

Durant ce dixième mois du calendrier scolaire, il y avait la période d’examens. Mois durant lequel je réunissais tous mes efforts dans le but ultime d’obtenir la meilleure note au dernier bulletin. Je prenais énormément de temps à la revision des matières acquises tout au long de l’année. Français, mathématiques, anglais, histoire, géographie, sciences naturelles, religion. Il fallait tout savoir, tout se rappeler.

Dès que les examens étaient passés, les derniers jours d’école étaient consacrés au plaisir.  On nous permettait d’apporter des jeux de société.  Moi qui était enfant unique, j’adorais ces moments passés à jouer avec les amis.  Mes jeux préférés étaient : Monopoly, un classique, Mile Bornes, Scrabble, Carrières, Clue et j’en passe!

Il y avait aussi la remise des prix. Plusieurs livres, contes, bandes dessinées ou autres étaient remis à plusieurs en cette fin d’année.

Mais le plaisir ne s’arrêtait pas là!

Je me vois encore, au dernier matin, marcher jusqu’à l’école, seau en main! Et oui, il fallait apporter un seau, un produit nettoyant et quelques torchons.  Les élèves étaient mandatés pour le « grand ménage » des pupitres et des casiers.  Grand moment de rires et de plaisir arômatisés d’odeur de M. Net et de Spic’n’span.

Finalement, arrivait le moment de la séparation, moment tant attendu par la plupart d’entre nous.  On devait quitter notre classe et le professeur qui nous avait accompagné tout au long de l’année. On quittait les camarades pour deux longs mois qui nous paraissaient, au départ, une éternité et qui pourtant s’avéreraient très courts au final!

Et c’est bras dessus, bras dessous, qu’on chantait à tue-tête:

« Vive les vacances, au diable les pénitences, on met l’école en feu et les profs dans l’milieu! ».

Et c’est ainsi que commençaient les deux mois de vacances bien mérités!


52 souvenirs d’enfance – Mes bottes à gogo roses

Mes bottes à gogo roses

Retour dans les années « 70.  Je fréquentais l’école secondaire.  Une école privée.  Le port du costume était obligatoire.  Jupe marine, polo blanc et veste de tricot rouge.  Difficile de développer notre style puisque toutes les filles portaient les mêmes vêtements jour après jour.  Vêtues de cette façon me permettait de croire que nous resterions toute notre vie dans une totale obscurité, sans aucune notoriété possible.

Le seul moment où on arrivait à se démarquer un peu des autres était à l’arrivée, le matin, ou après les classes.

À cette époque, la mode était aux mini-jupes.  Je me souviens très bien.  Elles n’étaient jamais assez courtes à notre goût. Les jupes du collège devaient atteindre la palette du genou. Pour me sentir à la dernière mode, je roulais le haut de ma jupe sous mon chandail lorsque je me rendais à l’école le matin et je répétais le même geste au retour à la maison.

Le port du chapeau était complètement absent pour les adolescentes, au risque d’attrapper une « grippe d’homme », ce qui aurait motivé une absence prolongée aux cours.

Je me souviens clairement d’une paire de bottes « à gogo » que mon père m’avait offertes.  Des bottes de cuir roses « bonbon » à talons!  Des bottes qui montaient au-dessus du genou! Je les portais fièrement avec mon imperméable de ciré noir dont le revers du col et des manches avait été recouvert de tissu à motif pieds de poule. 

Je  me rappelle encore de l’émerveillement sur le visage de mes petites amies qui m’attendaient de l’autre côté du grillage de la clôture, les yeux rivés sur mes bottes roses, vertes de jalousie.



52 souvenirs d’enfance – Amour d’adolescence

Amour d’adolescence

4 avril 1971

Cette date marque la journée de notre première sortie.

Nous étions adolescents.  Lui 15 ans, moi 16.  La semaine d’avant, il était venu remercier mon père et il en avait profité pour demander à me parler.  Et c’est là qu’il m’avait demandé de l’accompagner au cinéma.  Invitation que j’ai, bien sûr, acceptée sur le champ!

Fils d’un couple d’amis de mes parents, il demeurait en face de chez moi.  Il jouait au hockey dans la rue avec ses amis.  C’est à peu près tout ce que je connaissais de lui à ce moment-là.

Pour notre première sortie, nous avions convenu d’aller au Cinéma Crémazie à Montréal.  Le film à l’écran était « M.A.S.H. », film classé comédie, drame, guerre.  Un film qui a quand même remporté la palme d’or à Cannes en 1970.  Quand même!

C’était par un beau printemps!  Température presque estivale. J’étais vêtue d’un « hot pants », vêtement très à la mode au début des années ’70. Après le cinéma, nous avions marché, main dans la main. J’aurais voulu que cette journée ne se termine jamais.

Une sortie… et j’étais déjà follement amoureuse de ce jeune homme aux cheveux bruns et aux yeux bleus qu’il était et qui deviendrait l’homme de ma vie!

4 avril 2020. Quarante-neuf ans plus tard et toujours aussi follement amoureuse!


Des mots et des images

52 souvenirs d’enfance – Les provisions de grand-maman

Les provisions de grand-maman

Ma grand-mère maternelle habitait le quartier Villeray à Montréal.  Malheureusement, sa petite maison d’un étage a été démollie pour être remplacée par un condo de deux étages. 

Je retourne de temps en temps dans ce coin-là, tout simplement pour y marcher, caméra au cou.  Je sillonne les rues et les ruelles, j’arrête même pour parler aux marchands du coin afin de leur « piquer une jasette » et leur dire que ma grand-mère habitait le secteur lorsque j’étais plus jeune.

Le marché Jean-Talon

Grand-maman m’amenait souvent au Marché Jean-Talon situé au coeur du quartier de la Petite Italie.  On avait à peine quelques rues à marcher pour s’y rendre. On pouvait s’y procurer fruits et légumes frais provenant directement des producteurs.  L’ambiance était exceptionnelle, les marchands remplis de fierté derrière leur étal.  Je suis certaine que c’est grand-maman qui m’a transmis le goût de fréquenter les marchés publics. 

Les provisions

Elle aimait cuisiner pour les siens, elle aimait faire le plein de provisions.  Mais dans ce temps-là, les gens n’étaient pas équipés de grands réfrigérateurs et congélateurs comme aujourd’hui.

Par contre, je me souviens que nous pouvions accéder à la cave par une trappe qui se trouvait sur le plancher de la cuisine.  On utilisait une échelle de bois pour y descendre.  C’était un espace pas très grand, à même le sol, directement sur la terre.  Arrivé en bas, on tirait sur une corde qui pendait du plafond et qui servait à allumer une ampoule afin d’éclairer cet endroit qui servait de « chambre froide ».  J’avoue que je n’était pas très brave d’y descendre!

Grand-maman y conservait les pommes de terre, les carottes, les navets, les choux et les pommes.  Les plus belles pommes, « celles réservées pour la visite » comme elle disait, étaient enveloppées avec soin dans du papier de soie. Les autres étaient tout simplement déposées dans des bacs de bois que mon grand-père avait fabriqués. Grand-maman les utilisaient pour confectionner les desserts. Elle conservait aussi le précieux beurre à cet endroit.

La grande armoire

Sur le balcon arrière se trouvait une grande armoire dans laquelle elle accumulait ses desserts durant la saison précédant le temps des fêtes.  Tartes aux pommes et aux fruits de toutes sortes, mokas, beignes… tout ce dont on avait besoin pour se sucrer le bec!

Son jardin

Mais il n’y avait pas que le marché Jean-Talon pour s’approvisionner.  Elle avait aussi son propre jardin. Durant la saison estivale, une grande partie de la cour arrière se transformait en espace jardin. Que des tomates!  Je la vois encore avec son tablier cueillir ces fruits rouges dès qu’ils étaient mûrs. Elle les coupait en quartiers et les salait à son goût avant de les manger! 

Quelques fleurs venaient également agrémenter son jardin.  Des glaïeuls et des coeurs saignants.

Chez grand-maman, même si les temps étaient difficiles, même si l’argent était rare, on ne manquait jamais de nourriture! 



Des mots et des images

52 souvenirs d’enfance – L’heure du chapelet

L’heure du chapelet

Chez ma grand-mère maternelle, comme dans plusieurs familles québécoises, réciter le chapelet était une activité courante.  

Chacun avait son chapelet.  J’avais le mien. Probablement un cadeau reçu lors de ma Première Communion.

Une fois par semaine, « Le chapelet en famille » était diffusé à la radio de CKAC à 19 heures. Dans l’temps, on disait 7 heures du soir.  Cette émission animée par Monseigneur Paul-Émile Léger, rendez-vous hebdomadaire suivi par la population du Québec, était aussi populaire qu’un « Un homme et son péché », un radio-roman qui relatait l’histoire de Séraphin Poudrier et Donalda.  

Quand l’heure arrivait, chacun approchait une chaise proche du poêle.  Une chaise non pas pour s’asseoir, mais pour s’y appuyer car 15 minutes à genoux, c’était quand même assez long.

Grand-maman ouvrait la porte du four qui dégageait une chaleur que j’appréciais en saison hivernale.  Dès que la voix de l’archevêque se faisait entendre, nos doigts se plaçaient comme un automatisme sur les premiers grains de notre chapelet.  Nous étions prêts à répéter nos cinq dizaines de prières.  « Je crois en Dieu », « Notre Père » et « Je vous salue Marie », trois prières qui se suivaient dans un ordre connu de tous.


Faits recueillis sur le site des archives de Radio-Canada:

  • 65% des familles du Québec écoutaient « Le chapelet en famille ».
  • « Le chapelet en famille » diffusé à CKAC a débuté en 1950 et s’est terminé en 1970.